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La prise de Puerto-Bello dans l'Istme de
Panama.
[Morgan rassembla une flotte de plusieurs vaisseaux] il s'en
trouva neuf, & le nombre de quatre cens soixante & dix hommes,
dont il y en avoit beaucoup de François.
[Puerto-Bello] est une petite Ville bâtie sur le bord de la Mer
Oceane du côté du Nord de l'Istme de Panama, à la hauteur de dix
degrez de latitude Septentrionale. Elle est située dur une Baye,
à l'embouchure de laquelle il y a deux Châteaux qui sont très
forts ; & il n'y peut rien entrer sans passer devant ces
Châteaux. Il y a encore un Fort sur une petite éminence qui
commande à la Ville. Les Galions du Roy d'Espagne viennent tous
les ans là, pour charger l'argent que l'on mene des Mines du
Perou à Panama [...]
Toutes les Marchandises qui en viennent pour le Perou, y sont
aussi déchargées [...]
Il ne laisse pas d'y avoir quatre cens hommes capables de porter
les armes, outre la garnison qui est toûjours de trois à quatre
cens Soldats pour garder les Forts & la Ville.
[...]
Ils arriverent de cette maniere à la Ville, comme l'aurore
commençoit à paroistre, & trouverent la plûpart des Bourgeois
encore endormis, & qui ne sçavoient ce que cela vouloit dire. La
Garnison s'étoit retirée dans les Forts, & commençoit déjà à
canoner sur la Ville.
[...]
Morgan leur fit dire que s'ils ne vouloient pas se rendre, il
alloit faire mettre des échelles portées par les Religieux & par
les femmes, & qu'il ne leur donneroit point de quartier. Ils
répondirent qu'il n'en vouloient pas ussi. Alors Morgan executa
ce qu'il avoit dit [...]
Ainsi les assaillans monterent genereusement, munis de grenades,
de pistolets, & chacun d'un bon sabre, & d'un courage plus seur
que tout cela.
[...]
les Flibustiers furent obligez de prendre [le deuxième] Fort de
la même maniere que le premier, & pourtant avec plus de
facilité.
[...]
Les Avanturiers estant maistres de ces deux Forts, le reste ne
tint gueres ; environ à trois heures aprés midy le combat
setermina par la victoire qui demeura aux Avanturiers. [...]
Ensuite ceux qui n'avoient pas esté blessez commencerent à se
donner carriere, & à faire débauche de vin & de femmes tant que
la nuit dura [...]
Le lendemain matin Morgan fit entrer les vaisseaux dans le Port
[pour y faire charger le butin, mais Morgan du patienter jusqu'à
ce que] les Bourgeois de Port-Bello lassez de ces gens,
apporterent devant le temps prescrit la rançon de la Ville, des
Forts & des prisonniers, qu'ils payerent en belles barres
d'argent.
La prise de la Ville du Port au Prince par Morgan.
[...] Ville champêtre de l'Isle de Cuba, où l'on dit qu'il y
avoit bien de l'argent, à cause qu'il s'y faisoit grand cõmerce
de cuirs, & qu'étant éloignée du bord de la Mer, les Espagnols
ne se défieroient point qu'on les vint jamais attaquer, ce qui
en faciliteroit beaucoup la prise [...]
Ce Pillage dura quinze jours ensuite dequoi Morgan fit demander
aux principaux Prisonniers la rançon de la Ville, sinon qu'il la
brûleroit ; ils députerent quelques-uns des leurs pour en
convenir, outre la somme qu'ils donnerent, ils amenerent au Port
de Saint Marie, où estoient les Vaisseaux, cinq cens Vaches pour
les ravitailler, car le dessein de Morgan estoit de faire
quelque descente ailleurs, n'étant pas satisfait de ce qu'il
avoit pris au Port au Prince.
Les Avanturiers demeurerent quelque temps à la rade du Port de
Sainte Marie, pour tuer ces Vaches & les saler. Cependant ils se
divertissoient, car ils sont de bonne humeur quand la fortune
leur est favorable.
[...]
La prise de Puerto-Bello dans l'Istme de Panama.
[Morgan rassembla une flotte de plusieurs vaisseaux] il s'en
trouva neuf, & le nombre de quatre cens soixante & dix hommes,
dont il y en avoit beaucoup de François.
[Puerto-Bello] est une petite Ville bâtie sur le bord de la Mer
Oceane du côté du Nord de l'Istme de Panama, à la hauteur de dix
degrez de latitude Septentrionale. Elle est située dur une Baye,
à l'embouchure de laquelle il y a deux Châteaux qui sont très
forts ; & il n'y peut rien entrer sans passer devant ces
Châteaux. Il y a encore un Fort sur une petite éminence qui
commande à la Ville. Les Galions du Roy d'Espagne viennent tous
les ans là, pour charger l'argent que l'on mene des Mines du
Perou à Panama [...]
Toutes les Marchandises qui en viennent pour le Perou, y sont
aussi déchargées [...]
Il ne laisse pas d'y avoir quatre cens hommes capables de porter
les armes, outre la garnison qui est toûjours de trois à quatre
cens Soldats pour garder les Forts & la Ville.
[...]
Ils arriverent de cette maniere à la Ville, comme l'aurore
commençoit à paroistre, & trouverent la plûpart des Bourgeois
encore endormis, & qui ne sçavoient ce que cela vouloit dire. La
Garnison s'étoit retirée dans les Forts, & commençoit déjà à
canoner sur la Ville.
[...]
Morgan leur fit dire que s'ils ne vouloient pas se rendre, il
alloit faire mettre des échelles portées par les Religieux & par
les femmes, & qu'il ne leur donneroit point de quartier. Ils
répondirent qu'il n'en vouloient pas ussi. Alors Morgan executa
ce qu'il avoit dit [...]
Ainsi les assaillans monterent genereusement, munis de grenades,
de pistolets, & chacun d'un bon sabre, & d'un courage plus seur
que tout cela.
[...]
les Flibustiers furent obligez de prendre [le deuxième] Fort de
la même maniere que le premier, & pourtant avec plus de
facilité.
[...]
Les Avanturiers estant maistres de ces deux Forts, le reste ne
tint gueres ; environ à trois heures aprés midy le combat
setermina par la victoire qui demeura aux Avanturiers. [...]
Ensuite ceux qui n'avoient pas esté blessez commencerent à se
donner carriere, & à faire débauche de vin & de femmes tant que
la nuit dura [...]
Le lendemain matin Morgan fit entrer les vaisseaux dans le Port
[pour y faire charger le butin, mais Morgan du patienter jusqu'à
ce que] les Bourgeois de Port-Bello lassez de ces gens,
apporterent devant le temps prescrit la rançon de la Ville, des
Forts & des prisonniers, qu'ils payerent en belles barres
d'argent.
Nouveau dessein de Mogan : Prise de Marecaye.
C'est l'ordinaire des Avanturiers de passer bien-tôt de
l'abondance à la disette. Ceux-cy qui estoient de la même
humeur, aprés avoir dissipé tout leur argent dans la débauche,
ne penserent plus qu'à retourner en course, pour en avoir
d'autre. Morgan à qui il avoit aussi manqué, parce qu'il n'étoit
pas meilleur ménager qu'eux, & qu'il avoit besoin de faire une
plus grande dépense, songea à quelque nouvelle entreprise pour
s'enrichir ; & dans ce dessein il donna rendez-vous à tous les
Avanturiers qui avoient des vaisseaux à la coste de S. Domingue,
à l'Isle à la Vache.
Il donna ce rendez vous dans le veuë d'avoir des François dans
sa Flote, & d'en faire une considerable [...] [Morgan] fit
reveuë de sa Flote, qu'il trouva forte de quinze vaisseaux, & de
neuf cents soixante hommes, tant François qu'Anglois, tous vieux
Avanturiers, qui avoient déjà fait ce mestier plusieurs années.
On tint encore conseil, pour voir quelle place on attaqueroit.
Il fut conclu qu'on monteroit le long de le côte jusqu'à l'Isle
de Saone, qui est à la point de l'Orient de l'Isle Espagnole.
Pierre le Picard fameux Avanturier ; fit la proposition
d'attaquer Maracaibo, où il avoit déja été avec l'Olonois [...]
on entra dans la Ville sans trouver aucune resistance, ny
personne que quelques pauvres Esclaves qui ne pouvoient marcher,
avec des malades dans l'Hôpital. On ne trouva mesme rien dans
les maisons, car en trois jours de temps ils avoient emporté
leurs marchandises & leurs meubles ; à peine y trouvoit on
dequoy vivre.
[...]
Ces partis continuerent pendant huit jours de temps, durant
lesquels on fit un assez bon nombre de prisonniers, à qui on
donnoit le gêne, & qui disoient tous d'une commune voix qu'ils
étoient pauvres, & que les riches s'étoient sauvez à Gibraltar
[...] huit jours aprés qu'on eut pris possesion de Marecaye, on
fit embarquer le pillage, les prisonniers, & tout le monde pour
aller à Gibraltar.
[...]
Les Anglois trouverent dans ce Bourg un Espagnol assez bien
couvert, ce qui les fit juger que c'estoit un homme riche & de
condition. On luy demanda où estoit allé le monde de Gibraltar,
il dit qu'il y avoit un jour qu'ils étoient tous partis [...]
Ensuite Morgan fit quelques prisonniers, qui luy dirent que vers
une grande Riviere, à six lieuës de Gibraltar, il y avoit un
navire de cent tonneaux, avec trois Barques chargées de
marchandises & d'argent appartenant aux habitants de Maracaibo.
[...]
Morgan ayant passé quinze jours hors de Gibraltar à courir les
bois, & à piller par tout, il revint à cette Ville avec beaucoup
de pillage & un grand nombre de prisonniers, qu'ils contraignit
de payer leur rançon. Pour les belles femmes, il ne leur demanda
rien, parce qu'elles avoient dequoy payer sans diminuer leurs
richesses. Pendant qu'il fut absent, ceux qu'ils avoit envoyez à
la Riviere dont j'ay parlé, revinrent aprés avoir pris le Navire
& les trois Barques chargées d'Espagnols fugitifs, avec leur
argent & leurs hardes. Morgan avoit sejourné cinq semaines en ce
païs en le ravageant plus de quinze lieuës aux environs, sans
avoir perdu un seul homme [...]

Retour de Morgan à Marecaye, la Victoire qu'il remporta sur Dom
Alonse del Campo d'Espinosa, qui l'estoit venu enfermer dans ce
Lac.
Morgan à son retour apprit une nouvelle qui ne luy plut pas
trop, non plus qu'aux siens : car les Flibustiers n'aiment
queres à disputer le butin quand ils l'ont pris. Cette nouvelle
portoit que trois Fregates du Roy d'Espagne estoient arivées à
l'embouchure du Lac, commandées par Dom Alonse del Campo d'Espinosa
Contre-Amiral d'une Flotte que Sa Majesté Catholique avoit
envoyée dans les Indes, sur les plaintes que le Gouverneur avoit
faites à la Cour des hostilitez des Avanturiers dans l'Ameriques
[Morgan fait charger un navire de goudron, de barils de poudre
en plus de mannequins et des faux canons] Cet Euipage ainsi
preparé, Morgan descendit des Maracaibo à l'entrée du Lagon, &
fut moüiller à la portée du [...] plus grand navire Espagnol
[qui] estoit moüillé au milieu du canal, qui n'est pas fort
large & les deux autres estoient au dessous de luy. Ce navire
que les Avanturiers avoient fait en Brülot, sut ranger l'Amiral
des Espagnols sans tirer un coup [...] En un moment on vit ces
deux vaisseaux en feu, & Dom Alonse n'eut que le temps de se
jetter à corps perdu dans sa Chaloupe, & de se sauver à terre.
D'abord que ce vaisseau fut enflamé, on courut aux autres : on
en aborda un qu'on fit bien-tôt rendre ; & l'autre, qui estoit
le dernier, [...] fut consumé avant qu'on pust estre à luy ; de
manière qu'en moins de deux heures il y eu bien du changement.
[...]
LA PRISE DE LA FAMEUSE Ville de Panama, & de toute son
Istme, par Morgan, avec une description de ce Païs, jusques au
Cap Gracia à Dios, & les moeurs de divers Indiens qui y
habitent.
[...]
Départ de Morgan pour Panama, & la prise de cette Ville.
Morgan ayant fait une exacte reveuë de ceux qu'il avoit choisis
pour son entreprise, & visité jusqu'à leurs armes & leurs
munitions, les exhorta de faire voir leur courgae dans cette
occasion, afin de retourner à la Jamaïque riche & glorieux.
[...] Ils commencerent leur voyage le 18. de Janvier de l'an
1670.
[...]
Le [...] 27. dixième & dernier jour de la marche, [...] ils
découvrirent l'armée des Espagnols, qui estoit tres belle, & qui
marchoit en bon ordre. [...] Les Avanturiers à cette veuë firent
trois cries qui auroient épouvanté les plus hardis. Les
Espagnols en firent de même, & les deux partis avançoient les
uns contre les autres.
[...]
Ce combat dura environ deux heurs, & la Cavalerie fut défaite
sans qu'il n'en échapast plus de cinquante qui prirent la fuite.
L'Infanterie voulut avancer;mais si tôt qu'elle vit cette
défaite, elle tira seulement, & aprés jetta les armes &
s'enfuit.
[...]
Morgan voyant qu'il avoit perdu si peu de monde, s'avança vers
la Ville, [...] Aussi-tôt on tira le canon, qui en blessa
vingt-cinq ou trente, & en tua bien autant, sans pouvoir faire
que cette décharge : car à l'instant les Avanturiers fondirent
sur les Canoniers.
[...]
Dés que Morgan se vit maistre de Panama, [...] les gens
visiterent la Ville. [...] Morgan craignoit que les Espagnols ne
le vinssent surprendre la nuit dans cette Ville, fit mettre le
feu [si bien que] le lendemaine cette Ville se trouva consommée.
[...] Morgan avoit passé huit jours à exercer des cruautez
inoüies, en pillant les Espagnols.
[...]
Un Navire du Roy de la Grande Bretagne arriva à la Jamaïque avec
un nouveau Gouverneur, & un ordre exprés à Morgan d'aller en
Angleterre, pour répondre sur les plaintes du Roy d'Espagne & de
ses Sujets.
[...]
Morgan donc a esté obligé d'aller en Angleterre, & j'ay fait tou
mon possible pour sçavoir l'évenement de ectte affaire, mais je
n'en ay pû rien apprendre, & par consequent je n'en sçaurois
parler."
source: Tiré de Exquemelin, Alexandre-Olivier, Histoire des
aventuriers flibustiers une description exacte des lieux, ext.
pour consulté cette œuvre : Cette oeuvre est consultable en
ligne sur le serveur Gallica de la Bibliothèque Nationale de
France. Note: ce texte est écrit en vieux français ! ! ! !
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